L’apprentissage de la voile des coureurs du Vendée Globe : Des dériveurs comme premiers pas vers l’océan

L’apprentissage de la voile des coureurs du Vendée Globe : Des dériveurs comme premiers pas vers l’océan

Le Vendée Globe est sans doute l'une des courses les plus prestigieuses et les plus exigeantes du monde de la voile. Chaque édition, des marins parmi les plus talentueux au monde se lancent dans cette aventure extrême autour du monde, sans escale, en solitaire, à bord de monocoques de haute technologie. Cependant, ce que beaucoup ignorent, c’est que les marins qui participent à cette course mythique ont souvent commencé leur parcours sur un support beaucoup plus humble, mais tout aussi essentiel : le dériveur.

Les dériveurs sont des petites embarcations légères, généralement utilisées pour l'initiation à la voile. Grâce à leur simplicité de prise en main, leur maniabilité et leur faible coût, les dériveurs sont des supports de choix pour l’apprentissage de la voile dès le plus jeune âge. En effet, la majorité des coureurs du Vendée Globe ont fait leurs premières armes sur ces bateaux avant de s’élancer sur les océans du monde entier. Ces expériences d'apprentissage dans des dériveurs ont été la base de leur carrière et ont joué un rôle fondamental dans la construction de leur solide maîtrise technique et leur sens marin.

Le Dériveur : Le Meilleur Support d’Apprentissage

Le dériveur est l’un des supports les plus accessibles pour s'initier à la voile, grâce à ses caractéristiques uniques. Il est léger, maniable, et suffisamment petit pour permettre une prise en main rapide et efficace. Sa dérive escamotable et son faible tirant d’eau permettent d’évoluer dans des conditions variées, que ce soit sur un lac, une rivière ou en mer. Ces bateaux sont parfaits pour apprendre les bases de la navigation : comprendre les réglages des voiles, gérer la barre, et surtout, sentir et comprendre les effets du vent.

Ce qui distingue le dériveur des autres types de voiliers, c’est sa capacité à offrir une formation directe et instantanée aux jeunes marins. Chaque manœuvre et chaque erreur sont immédiatement visibles et compréhensibles, ce qui permet de progresser rapidement. La sensibilité du dériveur aux changements de vent et d’eau force le marin à être constamment à l’écoute de son bateau et de son environnement. Ces qualités en font l'outil idéal pour les premiers pas en voile.

Des Champions du Vendée Globe Formés sur des Dériveurs

Nombre de ceux qui concourent aujourd’hui dans le Vendée Globe ont commencé leur parcours sur des dériveurs. Parmi eux, certains ont pris leurs premières leçons dès leur plus jeune âge, naviguant sur des optimists, des L



aser ou encore des 470, avant de faire leurs armes sur des monocoques de plus grande envergure. Ces dériveurs leur ont permis de comprendre les bases du pilotage, de l'équilibre dynamique et de la gestion des voiles, des compétences essentielles lorsqu’il s’agit de naviguer en solitaire sur un bateau de 60 pieds.

1. François Gabart : Du dériveur au Vendée Globe

Prenons l'exemple de François Gabart, vainqueur du Vendée Globe 2016-2017. Le marin breton, l’un des plus jeunes à remporter cette course, a débuté son apprentissage sur un Optimist, un petit dériveur destiné aux enfants. C'est sur ce bateau qu'il fait ses premières expériences de navigation et qu’il apprend à lire les conditions météorologiques, à ajuster ses voiles et à manœuvrer dans des conditions variées. Son passage par des supports comme le Laser et le 420 lui a permis de parfaire ses compétences techniques et de développer une grande rigueur dans son approche de la voile. Tout au long de sa carrière, Gabart a constamment mis à profit les leçons tirées de son expérience en dériveur, en particulier sa capacité à s’adapter rapidement à des situations de navigation complexes.

2. Jérémie Beyou : Un Parcours Évolutif en Dériveur

Un autre exemple est celui de Jérémie Beyou, un autre grand nom du Vendée Globe. Beyou a démarré la voile en pratiquant le catamaran de sport et le dériveur. C’est notamment sur un 420 (un dériveur de compétition pour deux personnes) qu'il a appris à comprendre la technique de barre, les jeux de réglages et la navigation en équipage. Après avoir accumulé de nombreuses victoires en dériveur, il se tourne vers des classes plus grandes, avant de se retrouver au départ du Vendée Globe avec un IMOCA. Comme Gabart, il a su tirer parti de ses premiers apprentissages en dériveur pour devenir l’un des meilleurs coureurs au large du monde.

Pourquoi le Dériveur est-il un Support Idéal pour les futurs marins ?

Le dériveur est un excellent terrain de formation pour les futurs marins car il les prépare aux défis qu’ils rencontreront sur des bateaux plus grands, tout en développant une autonomie et une discipline personnelle que seuls ces petits voiliers peuvent offrir. La gestion de la vitesse, des voiles, du compas et de la position du bateau est cruciale dans la pratique du dériveur. Ces compétences sont directement transposables sur les monocoques de grande taille.

De plus, le dériveur permet de développer la capacité à réagir de manière rapide et efficace aux changements de conditions météo. Les marins de haut niveau, comme ceux du Vendée Globe, doivent être capables de s’adapter rapidement à des conditions de mer souvent extrêmes. En cela, l’expérience acquise sur un dériveur leur permet de faire face à l’incertitude du vent, des vagues et des courants marins avec sang-froid et efficacité.

La Voile, un Sport de Précision et de Sensibilité

Naviguer sur un dériveur permet également de travailler la précision et la sensibilité. La voile est avant tout un sport où l’on apprend à "écouter" le vent et à comprendre comment il interagit avec l’eau et le bateau. Cette compétence se développe dès les premiers pas sur un dériveur, où chaque geste – qu’il s’agisse de régler la voile ou de corriger la barre – a un impact immédiat sur le comportement du bateau.

Cette sensibilité au vent est primordiale pour les futurs coureurs au large, qui doivent être capables de comprendre et d’anticiper les réactions de leur bateau en mer. En effet, lorsqu'un marin du Vendée Globe est en mer, il doit constamment ajuster ses voiles et ses manœuvres en fonction des changements de vent et des conditions de mer. Ces ajustements deviennent presque intuitifs grâce aux bases solides acquises sur un dériveur.

Un Entraînement sur Dériveur : La Clé du Succès sur les Océans

Pour les marins du Vendée Globe, l’apprentissage sur dériveur ne se limite pas à une simple initiation : il fait partie d’une formation de base essentielle qui forge la technique, la gestion des émotions et la capacité à faire face à des situations imprévues. Chaque marin du Vendée Globe a dû passer par cette étape fondamentale pour arriver à l’excellence technique et mentale qu’exige une course autour du monde en solitaire.

La transition entre le dériveur et les grands voiliers de course n’est donc pas aussi abrupte qu’on pourrait le penser. Bien que les monocoques de course hauturière, tels que les IMOCA, soient des machines complexes et sophistiquées, les compétences de base acquises sur un dériveur léger sont la fondation sur laquelle les marins construisent leur maîtrise de la voile. Le dériveur est véritablement l’école du marin de demain.

Conclusion : L’Apprentissage de la Voile, Une Histoire de Dériveurs

Les coureurs du Vendée Globe, ces marins exceptionnels qui bravent les océans, ont tous un point commun : leur passion et leur expertise ont été forgées sur des dériveurs. Ces petites embarcations, par leur simplicité et leur efficacité, ont ouvert la voie à des parcours impressionnants et ont formé des marins prêts à affronter les océans du monde entier. Le dériveur reste donc, pour ces grands noms de la voile, un symbole de l’apprentissage et de la progression dans le monde de la plaisance et de la course au large.

En tant que support de formation idéal, il a permis à des générations de marins de se préparer à des défis bien plus grands que ceux auxquels ils étaient confrontés sur ces petites embarcations. Le dériveur est ainsi devenu bien plus qu’un simple support : il est la clé de voûte de l’apprentissage de la voile.

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